Monia Chéour*, Zeineb Gharbi, Yasmine Houmène, Molka Ferchichi, Meriem Ouederni
Service d’ophtalmologie, Hôpital Habib Thameur, Tunis, Tunisie
Résumé
Introduction. La kératite à mycobactérie atypique est une complication rare et grave survenant dans les suites opératoires du laser in situ kéra- tomileusis (LASIK). Ces infections à mycobactéries post LASIK présentent des particularités cliniques et thérapeutiques. Notre but, à travers ce cas, est de décrire ces particularités, exposer les difficultés diagnostiques et détailler les modalités de prise en charge thérapeutique de cette pathologie rare et grave survenant sur des globes sains chez des sujets jeunes.
Observation. Il s’agit d’une patiente âgée de 24 ans, porteuse de lentille de contact qui a eu une chirurgie réfractive de la cornée par Femto-LA- SIK. La patiente a présenté à J4 post FL une rougeur et une douleur oculaire en rapport avec un ulcère cornéen central associé à un infiltrat en regard. L’évolution sous antibiothérapie empirique à large spectre était marquée par l’aggravation et l’évolution vers une kératopathie cristalline avec ulcère central. Un prélèvement cornéen sous le capot avec mise en culture sur milieu approprié a permis d’isoler une mycobactérie aty- pique. L’introduction de fluorquinolones de 4ème génération en association avec un aminoside et un macrolide avec ablation du volet cornéen a permis de stabiliser les lésions. Une greffe de cornée dans un second temps a permis d’obtenir la guérison.
Discussion et conclusion. La kératite infectieuse post LASIK à mycobactérie atypique est une complication grave. La confirmation du diagnostic est exclusivement bactériologique par l’isolement du germe sur milieu de culture spécifique. Par ailleurs, la mise en route d’un traitement adé- quat et orienté, dès la suspicion clinique du diagnostic est la règle. Devant la sévérité de cette complication, une association de plusieurs antibio- tiques et une intervention chirurgicale complémentaire telle qu’une ablation du volet cornéen, un Crosslinking ou une greffe de cornée peuvent être envisagés. A défaut, l’évolution de cette affection se fait vers une lyse cornéenne étendue engageant le pronostic visuel.