Houda Lajmi*, Slim Jaraya, El Ouafi Bouazzeoui, Racem ChouraMehdi Oueslati1,*, Fethi Krifa1,2, Anas Romdhane1, Safa Hadj Salah1, Ahmed Mahjoub1,2, Leila Knani1,2, Hechmi Mahjoub1,2.
1 Service d’Ophtalmologie, CHU Farhat Hached, Sousse, Tunisie
2 Université de Sousse, Faculté de Médecine de Sousse, 4000, Sousse, Tunisie.
Mots-clés
Traumatisme oculaire, Plaie oculaire, Enfant, Épidémiologie, Pronostic.
Résumé
But. Décrire les aspects épidémiologiques et identifier les facteurs pronostiques des traumatismes oculaires à globe ouvert de l’enfant dans le centre Tunisien.
Patients et méthodes. Nous avons mené une étude rétrospective observationnelle à propos de 82 enfants âgés de moins de 18 ans, pris en charge pour un traumatisme oculaire à globe ouvert dans le service d’ophtalmologie du centre hospitalo-universitaire de Sousse (Tunisie), sur une période de 10 ans, allant de janvier 2011 à décembre 2020.
Résultats. L’âge moyen de nos patients était de 7,56 ± 4,7 ans. Les traumatismes survenaient volontiers au domicile familial (41,5 %) et pendant l’été (34,1%). Les agents traumatisants les plus fréquents étaient les bris de verre (20,5%) et les objets métalliques (15,1%). Toutes les plaies étaient unilatérales. L’atteinte cornéenne était la plus fréquente (69,5%), avec une taille moyenne de la plaie égale à 5,5 millimètres. Les lacérations transfixiantes (79,3%) étaient prédominantes par rapport aux éclatements du globe oculaire (20,7%). L’acuité visuelle initiale de l’œil traumatisé était supérieure à 5/10 chez 8,6% des pa- tients. Les lésions oculaires associées les plus fréquemment retrouvées étaient la hernie de l’iris (47,6%), la réaction inflammatoire de la chambre antérieure (31,7%), l’hyphéma (28%) et la cataracte traumatique (26,8%). L’amblyopie et l’astigmatisme étaient les principales complications constatées à distance du traumatisme. A la fin du suivi clinique, seulement 28,6% des patients avaient une acuité visuelle supérieure à 5/10. Une cécité monoculaire a concerné 21,4% des enfants. Les éléments associés à un mauvais pronostic visuel dans notre série étaient une acuité visuelle initiale inférieure ou égale à 5/10 (p = 0,001), le siège scléral de la plaie (p = 0,012), l’atteinte centrale de la cornée (p = 0,001), une taille de la plaie supérieure à 6 mil- limètres (p = 0,007), la présence d’un hyphéma (p = 0,014), d’une cataracte traumatique (p = 0,035), l’issue de vitré (p = 0,008), le décollement rétinien (p = 0,048) et le nombre d’interventions chirurgicales supérieur ou égal à 2 (p = 0,006).
Conclusion. Malgré les progrès accomplis dans la prise en charge des traumatismes oculaires à globe ouvert, les plaies oculaires notamment chez l’enfant demeurent, par leur fréquence, leur gravité et leurs conséquences, un véritable problème de santé publique. Elles engagent également une responsabilité médico-légale. Le meilleur traitement est sans doute préventif.